
Le suivi des établissements de soins
Le personnel des établissements de soins est, comme dans tout secteur d’activité, exposé à des risques professionnels. Votre service de santé au travail suit un nombre important de ces établissements dans le Val d’Oise (cf. schéma page 3). Pour en savoir plus, nous avons ainsi rencontré le Docteur Gérard FAUCHER, Médecin du travail à l’AMETIF Santé au Travail. Il suit plusieurs établissements de soins privés, publics et apparentés.
Comment définissez-vous le rôle de l’AMETIF Santé au Travail vis-à-vis des établissements de soins ?
Notre rôle est exclusivement préventif. Cela se traduit par des conseils à l’employeur, aux salariés et aux instances (CHSCT). Notre diagnostic se fonde :
> Sur le recueil du vécu des situations de travail lors des visites médicales et de l’ensemble des informations émises lors des rencontres et échanges avec les responsables et
les instances représentatives du personnel.
> Sur des actions en milieu de travail (AMT) : visites des locaux, études de poste, etc.
Un diagnostic global de la santé au travail est ainsi réalisé et, à partir de ce diagnostic, des propositions individuelles et collectives sont proposées.
Quel est votre rôle et celui de l’équipe pluridisciplinaire ?
Le médecin du travail n’est pas seul, il bénéficie du concours d’une équipe pluridisciplinaire composée de secrétaire médicale, préventeurs techniques (ingénieur, technicien hygiène sécurité, assistant en santé au travail), ergonome, psychologue du travail, assistante sociale. Il anime et coordonne cette équipe à qui il peut confier des missions à visée diagnostique, d’évaluation de risques professionnels spécifiques à un poste de travail et être force de propositions pour des pistes d’amélioration.
Quelles sont les spécificités de ce secteur d’activité en termes d’expositions professionnelles ?
Il s’agit d’un secteur d’activité qui présente une grande diversité de risques dont certains sont spécifiques et demandent une prévention adaptée.
Les trois grandes catégories de risques observées sont :
> Les risques aigus de type accidentel : chutes liées aux déplacements, lombalgies liées aux activités de manutention des patients, représentant près des 2/3 des accidents du travail, accidents d’exposition au sang (AES)…
> Les risques liés aux expositions sur le long terme à des agents chimiques dangereux voire cancérogènes (chimiothérapies), aux radiations ionisantes, aux agents biologiques de groupe 3 & 4.
> Les risques liés aux situations de travail propres au secteur : TMS et risque psycho-social.
Observez-vous des tendances/évolutions dans ce secteur d’activité qui impactent la santé au travail ?
Globalement, le secteur des soins connaît les mêmes évolutions que la plupart des autres secteurs d’activité. L’environnement de travail change de plus en plus fréquemment avec des réorganisations de services, regroupements d’établissements ou encore des changements de tutelles. Les métiers évoluent également, aussi bien sur le plan technique (informatique) qu’organisationnel avec un besoin de transversalité accrue des équipes. Ces dernières doivent désormais rendre des comptes et fournir des indicateurs mesurant leur efficacité. Parallèlement, la hiérarchie est tenue de faire progresser le management et la communication qui en découle. Ces évolutions peuvent entrainer une perte de repère. Toutefois, l’attachement aux valeurs du métier et la solidarité des équipes restent toujours très présents.
Quels sont selon vous les risques/contraintes auxquels sont exposés les métiers de soins ?Risque biologique
Outre les AES, les personnels soignants peuvent aussi contracter un nombre significatif de maladies infectieuses inscrites aux tableaux des maladies professionnelles.
L’AMETIF Santé au Travail se doit d’assurer un suivi individuel particulier de ces travailleurs et rester très vigilante sur la prévention en s’assurant de la mise à jour des vaccinations, en les réalisant et en prescrivant des sérologies de contrôle. Des mesures de prévention collective doivent être mises en place, tant sur le choix des types de matériels utilisés que sur les aspects organisationnels.
- Troubles musculosquelettiques (TMS)
Les contraintes physiques liées au travail sont à l’origine de fatigue et de douleurs et exposent plus globalement aux troubles musculosquelettiques. Les aides-soignants figurent parmi les professionnels les plus concernés par le port de charges lourdes. L’essentiel de ces maladies professionnelles relève du tableau 57.
L’AMETIF ST accompagne ces établissements dans le diagnostic et la mise en place de solutions visant à réduire ces risques par des réajustements organisationnels mais aussi techniques et matériels. Notre rôle de conseiller pour la prévention des TMS est essentiel, notamment par la mise en place de plans de prévention concertés.
- Charge mentale et émotionnelle
La priorité du soignant, c’est avant tout les besoins du patient. Devant la souffrance des patients, le soignant doit faire preuve de disponibilité et de dévouement.
Dans ce contexte, les salariés accueillent très favorablement une écoute bienveillante de la part du médecin du travail.
- Travail de nuit, travail posté
Le travail de nuit et le travail posté présentent des risques pour la santé avec des effets sur le sommeil, la vigilance et la possibilité de survenue de pathologies digestives et cardiovasculaires ; une vigilance particulière est à porter à ce niveau à l’égard des femmes enceintes.
- Risque chimique
De nombreux agents chimiques dangereux sont utilisés en établissement de soins. Par exemple liés à l’utilisation de produits de nettoyage ou de désinfectant et la manipulation de produits cytotoxiques au cours de chimiothérapies. Les agents chimiques dangereux peuvent générer des pathologies graves.
Notre action est ici prioritairement basée sur l’intervention en milieu de travail, axée sur l’évaluation, le conseil et les mesures préventives appropriées.
- Radiations ionisantes
La pratique de la radiologie et de la radiothérapie externe est génératrice de radiations ionisantes. Ce risque concerne aussi bien les services hospitaliers que les cabinets de ville ou les cabinets dentaires. Cette activité requiert une organisation, un suivi et des moyens de prévention adaptés.
Ils peuvent générer des maladies professionnelles relevant du tableau n°63. À distinguer de l’Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) qui expose potentiellement aux champs électromagnétiques de forte intensité.
Notre rôle principal est encore ici de renseigner le salarié sur les risques qu’il encourt afin qu’il s’approprie les mesures de prévention adaptées.